MANU LANVIN GUITARE EN MAINS

Interview Guitare en mains

Manu Lanvin

L’instrument du voyageur

Qu’il parle de sa première guitare (celle de « Marche à l’ombre »), de la façon de composer ses chansons, ou du guitariste texan Calvin Russell (une rencontre qui a compté dans son parcours), Manu Lanvin adopte très vite le ton chaleureux des véritables passionnés de musique. Une passion qui transparaît tout au long de « Blues, booze & rock’n’roll », son nouvel album, et qu’on retrouvera en live le 6 octobre sur la scène du New Morning.

Manu avec une superbe Supro Dual Tone en finition Arctic White (modèle en fibre de verre, début des années 60). Photo : Eric Martin

Blues et Rock’n’Roll
« J’ai beaucoup écouté d’artistes de blues, j’ai écouté beaucoup d’artistes de rock’n’roll… Tous les grands guitar heroes des années 70, Jimi Hendrix, Jeff Beck, Eric Clapton, étaient mordus du blues… Willie Dixon disait que les racines sont le blues… Après l’arbre de cet arbre qui a poussé a donné des fruits de toutes les musiques, mais le point de départ c’est le blues. Le langage plus propre au rock’n’roll, souvent ça tient beaucoup aux textes. Effectivement, on est moins dans la complainte, moins dans l’introspection… Il y a des choses que j’avais besoin d’exprimer, et qui sortent du registre du blues. Le rock’n’roll, avec son côté plus « riffant », plus rageur, s’y prêtait mieux. »

La guitare
« Il n’y pas eu une « immédiateté » lorsque j’ai eu une guitare entre les mains. Car on souffre beaucoup la première année. Honnêtement, c’est l’enfer ! Je me mettais des bouchons en liège pour écarter les doigts, je me réveillais la nuit en pleurant… Mais je retiens toujours ce que m’avait dit mon père : « La guitare, c’est un bel instrument, parce que c’est l’instrument du voyageur ». Tu peux te balader dans le monde entier, recréer une ambiance musicale, faire du spectacle vivant partout avec une guitare. Au coin d’une rue, un feu de camp, chez des amis, chez des gens, sur une scène, n’importe où… L’instrument de musique qui du coup devient aussi ton « compagnon », ça m’a plu. La musique a été un refuge pour moi. »

La guitare, c’est un bel instrument, parce que c’est l’instrument du voyageur.
Gérard Lanvin

Marche à l’ombre
« La toute première, c’était la guitare de « Marche à l’ombre », figure-toi ! Une Ibanez… Le producteur, Christian Fechner, homme de spectacle, magicien, et lui-même guitariste, avait offert cette guitare à mon père. J’avais 12 ans. Je joue de moins en moins d’acoustique, mais elle ne m’a pas quitté. Elle est au studio, et on l’utilise souvent. »

La composition
« Ça fait deux-trois ans que je ne suis pas souvent à la maison. Les albums s’écrivent sur la route, pendant les balances, ou sur un concert quand il y a une idée qui vient. A ce moment-là, je les enregistre et je les creuse à la maison, quand j’y suis ! Le dernier album finalement ne s’est pas étalé beaucoup sur le temps. On l’a enregistré fin décembre 2015 et fini sur janvier 2016… Avec Jimmy, mon batteur, on enregistre toujours à deux, guitare/batterie. On travaille ensemble, en live : les formules rythmiques, le groove, le tempo, le flot de la voix… On voit ce qui fonctionne, et très vite, on sait à peu près où on va… »

Calvin Russell
« J’ai rencontré Calvin dans les backstages d’un concert de Paul Personne à la Cigale, en 2007-2008. Il était censé faire un morceau, mais les gens l’ont tellement acclamé que Paul a été obligé de le faire revenir une deuxième fois. Paul nous a présentés et, l’anglais aidant, on s’est tout de suite très bien entendu. Le courant est passé. On s’est beaucoup revus après ce concert, mais sans faire de musique ensemble. Dès qu’il venait en France, on passait du temps à la maison. On buvait quelques bières, on écoutait beaucoup de musique, on parlait beaucoup de la vie, et beaucoup de musique aussi (la musique c’est la vie !). Cette énergie-là, il a bien fallu qu’on la transforme en quelque chose un jour ! C’est moi qui suis allé le chercher à Austin, Texas, chez lui… On fait un album rien que pour l’expérience que procure le fait de faire un album. Après, les choses se font naturellement. J’avais foi en ça, et c’est ce qui s’est passé. On a fait un très bel album, « Dawg Eat Dawg » (
l’album « testament » de Calvin Russell, que Manu a co-écrit, produit et réalisé, ndr). C’est une rencontre qui marque et qui m’a porté chance. Il n’y a pas un album où on ne pense pas à lui. Il a passé du temps à la Chocolaterie (le studio de Manu, ndr) ! »

Les solos et la chanson
« Est-ce qu’on fera mieux qu’Hendrix, mieux que Stevie Ray Vaughan ? Je ne sais pas ! Alors qu’en restant dans un format chanson, en structurant les choses, en ne s’attardant pas dans des impros trop longues, on essaie de capter l’attention des gens qui ne connaissent pas ces codes-là. On fait un peu notre révolution à nous ! Pour appréhender un art, il faut quand même connaître un peu ses classiques. C’est une éducation du public. Il faut leur donner les clefs, pour faire passer une forme de vérité, d’authenticité. » •

cd-manu-lanvin

 

Écrit par