BACKSTAGE BIRELI LAGRENE

Interview Backstage

 

 

Le “pilotage automatique” selon Biréli Lagrène

A la tête d’un trio estampillé « gypsy » (comme les 14 & 15 octobre 2016 au New Morning, avec Adrien Moignard en guitariste invité), ou co-leader d’un quartet orienté « jazz fusion » (comme celui qu’il forme avec le pianiste Antonio Farao, qui se produisait le 21 avril 2016 dans cette même salle – où fut capté notre entretien), en matière de guitare, Biréli Lagrène remet régulièrement les « pendules à l’heure ».

Dans ce nouveau quartet formé avec le bassiste Gary Willis et le batteur Lenny White, Biréli partage avec le pianiste la fonction « harmonique », position toujours délicate pour un guitariste. « Antonio et moi, on s’écoute mutuellement beaucoup… Si je remplis, il lâche un peu et vice versa… Disons qu’il n’y a aucun « dérangement » harmonique ! », précise Biréli non sans humour. Pince-sans-rire, notre homme a décidément l’art de la formule, souvent lapidaire, mais qui n’en fait pas moins mouche ! Adepte de la guitare acoustique depuis sa plus tendre enfance, Biréli arbore aujourd’hui une Yamaha demi-caisse SA2000 (type Gibson 335). « J’aime bien le renouvellement, avoue-t-il… Le même son me lasse assez vite, j’ai besoin de cette nourriture constante, différente. On ne peut pas manger tous les jours la même chose en fait ! Il faut varier ! ».

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Au menu de ce quartet avec piano, des standards et des compositions des uns et des autres, entre autres, One Take, que Biréli a récemment enregistré avec Stanley Clarke et Jean-Luc Ponty, mais qui n’est pas sorti dans la version européenne de l’album (un « bonus » réservé aux Etats Unis et au Japon !), et peut-être aussi Place du Tertre, un thème « swing » devenu un « standard » du répertoire birélien (interprété pour le coup « un peu plus en shuffle », précise l’intéressé).

J’aime bien le renouvellement… J’ai besoin de cette nourriture constante, différente. On ne peut pas manger tous les jours la même chose !

Lagrène travaille-t-il toujours sa guitare ? « Avec l’âge, j’y reprends goût, ouais ! Il faut bien ! » répond-il sans fausse modestie. Le matin ? Le soir ? La nuit ? « C’est toujours surtout quand j’ai envie… Là j’ai remonté mon ancien rack des années 90… Je suis un peu un touche à tout, j’ai toujours été comme ça d’ailleurs… » (Lagrène tel qu’en lui-même !). Et la place de la guitare dans le jazz ? « Tous ces grands guitaristes qui étaient là avant nous (Django, Wes, Joe Pass…) ont ouvert les portes. » 

Titillé par le jazz-rock et la fusion dès l’âge de 15 ans, Biréli n’hésite pas non plus à citer Hendrix. « Pour le son et puis pour le mec, ce qu’il a inventé. Exactement la même chose que ce que Django Reinhardt a fait sur la guitare acoustique à son époque. Ce sont des icônes comme ça qui restent. »

Quid de ces « révolutions » de la musique à une époque où on a souvent le sentiment que « tout a été fait » ? Restent malgré tout « le jeu, les idées, les compositions, le son du groupe, parce que c’est avec ça qu’on arrive encore à s’identifier, et le son de chaque musicien… Mais il n’y a plus vraiment de « fusée ». Tu sais, de ces gens dont tout le monde dit : « Qu’est-ce que c’est que ça ?! »… Enfin, pour l’instant ! Je ne sais pas, faut voir… ce que les générations à venir nous réservent… ». Lorsqu’on lui fait remarquer que, dans son cas, le son est surtout « dans ses mains », Biréli ne tarde pas à donner une réponse en forme de boutade : « Mais moi, je suis en mode « pilote » ! » (rires).

 

 

 

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