STEPHANE WREMBEL

 

Stéphane Wrembel

Un Français de New York

Installé à New York depuis une quinzaine d’années, organisateur du festival Django A Go Go, Stéphane Wrembel se produira cette année au festival Django Reinhardt à Fontainebleau avec son propre quartet. C’est avec ce groupe soudé, incluant le guitariste Thor Jensen, auquel s’adjoint également le saxophoniste/clarinettiste Nick Driscoll, que Stéphane vient de publier « The Django Experiment I & II », un double album où il revisite à sa manière l’héritage de Django Reinhardt.

Stephane Wrembel ok

Après avoir commencé par le piano classique et s’être mis à la guitare à l’âge de 15 ans, Stéphane étudie à l’American School de Paris, avant d’intégrer la Berklee School de Boston. Entre-temps, il a découvert la musique de Django Reinhardt et rencontré des personnalités telles que Moreno, Serge Krief, tout en pratiquant avec la famille Ziegler… suffisamment pour contracter le « virus » Django !


Les voyages


De son passage au fameux Berklee College of Music, au tout début des années 2000, Stéphane retiendra notamment le cours du percussionniste Jamey Haddad, consacré au langage du rythme. Il faut dire qu’à l’American School, Stéphane avait eu la chance d’étudier avec le guitariste béninois Lionel Louéké, l’occasion d’une première approche des rythmes extra-européens. Par la suite, Stéphane aiguisera sa curiosité en la matière en se rendant en Inde, au Nigeria, en Côte d’Ivoire… « Une fois que tu vas dans un endroit, tu comprends un peu mieux la musique, précise-t-il. Tu vois la musique « qui sort des gens »… et tu ramènes toujours quelque chose avec toi ». Une façon de toucher du bout des doigts le « grand mystère » de la musique. « Tu sens les choses, et tu ne peux pas dire ce que c’est ! J’aime l’irrationnel, c’est la partie de la musique dont on oublie toujours de parler… Si quelque chose te touche, ça te touche ! C’est ma conviction. »


La Grosse Pomme


Au printemps 2003, Stéphane s’installe définitivement à New York. « Après quelques mois, j’avais 9 concerts par semaine et plein d’élèves… J’ai fait ça pendant presque dix ans non- stop. Quand tu joues beaucoup à New York, comme ça, au bout d’un moment, les gens te repèrent. C’est un peu le but. » En 2005-2006, un de ses morceaux, Big Brother, se retrouve sur la BO de « Vicky Cristina Barcelona », le film de Woody Allen. On le rappelle ensuite pour « Midnight in Paris », à la suite de quoi le guitariste rencontrera le cinéaste.

Tous les dimanches soirs depuis 12 ou 13 ans, Stéphane se produit au Barbès, un petit club de Brooklyn « pas très grand, mais vraiment un bel endroit, dédié à la musique » tenu par deux musiciens français, situé à Park Slope. « On a eu la chance de commencer à jouer quand ils ouvraient… C’est devenu une habitude ! ». Si Stéphane s’y produit donc très régulièrement avec son groupe et a pu y fidéliser son public, il en a fait également un des hauts lieux du festival Django A Go Go, où les différents participants (dont Stochelo Rosenberg et Paulus Schäfer) ont pu se retrouver cette année en clôture de festival pour de mémorables bœufs acoustiques.


La bonne direction


« La musique instrumentale te permet d’exprimer des choses que tu ne peux pas exprimer avec des mots », reprend Stéphane. Pour aller jusqu’au bout de ses intuitions et de sa démarche, notre homme approfondira notamment la question du rythme, à travers deux aspects, le côté vertical (le « timing ») et horizontal (la « construction »). « J’ai travaillé dur sur le rythme, avoue-t-il. J’ai commencé à voir toute la beauté du rythme en l’intégrant. » A Boston, l’enseignement de Jamey Haddad (« une des meilleures classes de l’école, une des plus incroyables ») le conduira entre autres à étudier le système rythmique sud-indien, illustré par le konnacol, cette façon de vocaliser les figures rythmiques, afin d’aborder une dimension fondamentale de la musique, sans doute une des plus « excitantes ». Cette « variété rythmique » fait d’ailleurs la force des grands compositeurs (« Bach, Mozart, Debussy… chacun a ses rythmes »), comme des grands improvisateurs. « Pour moi, c’est comme ça qu’il faut penser l’improvisation, reprend Stéphane. La penser plus par le rythme… Quand t’es en train d’improviser, t’as pas le temps. Tu es tout le temps dans la réaction. C’est bien d’avoir un rythme solide. » D’où la stature d’un personnage comme Django, qui a toujours « des rythmes incroyables ». « Je pense que personne n’a encore compris Django, conclut Stéphane. Personne n’a regardé dans la bonne direction ».


Palette sonore


Pour déployer sa musique, Stéphane a choisi de recourir à une palette sonore assez large, soutenue par un système d’amplification élaboré au fil du temps. Sa guitare Bob Holo avec table en cèdre (« je me sens bien dessus, et j’aime le son ») est en effet équipée de trois sources : un micro de contact Ischell, qui prend le son acoustique de la table ; un micro cravatte Audio-Technica placé à l’intérieur de la caisse (pour minimiser les risques de larsen) ; et un micro magnétique Stimer. Il associe toujours au moins deux de ces sources : soit le micro de contact et l’Audio-Technica (pour un rendu très acoustique), soit le Stimer plus une des deux autres sources. Suivant les configurations, cette combinaison de deux sources, alliant « rondeur, puissance et attaque », est ensuite relayée par un ou deux amplis AER (chaque source bénéficiant alors d’un ampli séparé). Stéphane utilise également quelques pédales d’effets : Preamp LR Baggs, phaser et Bassman 59 de Fender (pour rajouter du gain et un peu de saturation) avec le Stimer. Avec le micro Ischell : preamp LR Baggs, pédale Tuner (pour couper le son !), équaliseur (le plus souvent pour distinguer son de solo/son d’accompagnement) et octaver POG d’Electro-Harmonix. Adepte des médiators Wegen et des cordes D’Addario, il développe ainsi des improvisations aux accents parfois un peu « classiques », parfois plus « Moyen-Orient », ou avec un côté « basse » (via l’octaver), au gré de l’inspiration.

Django Experiment 1 Django Experiment 2

 


Barbès


En bonus, Stéphane nous fait visiter le Barbès de Brooklyn, en partageant quelques extraits de jams captés lors de la dernière édition de Django A Go Go, avec notamment la participation de Thor Jensen, Paulus Schäfer et Stochelo Rosenberg.

 

 

Concert : 6/7 (20h) Festival Django Reinhardt/Fontainebleau
Master-class : 8/7 (10h-12h) au Conservatoire de Fontainebleau

Site artiste : www.stephanewrembel.com
Site Barbès : www.barbesbrooklyn.com
Site festival : www.festivaldjangoreinhardt.com

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