Philippe Mouratoglou & Ariane Wohlhuter
Le bonheur de la mélodie
Partenaires à la scène depuis 2009, le guitariste Philippe Mouratoglou et la soprano lyrique Ariane Wohlhuter publient « Mélodies & Lieder », un nouvel album consacré à Schubert et à Fauré. Outre ses qualités d’interprète, Philippe y déploie notamment son talent d’arrangeur, puisque pour élaborer ce répertoire, les accompagnements initialement composés pour piano ont été ici transcrits pour guitare.
Si Philippe Mouratoglou est « essentiellement un guitariste classique », il lui arrive de fréquenter des chemins de traverse, pour aborder d’autres domaines. Il n’hésite pas alors à s’associer à des personnalités venues des musiques improvisées, comme le contrebassiste Bruno Chevillon, par exemple pour un projet sur le bluesman Robert Johnson. Notre homme « navigue donc un peu entre la guitare classique et d’autres styles de guitare », taquinant parfois l’instrument à cordes acier (les très belles guitares folk du luthier George Lowden). « Je fais un peu ce que j’ai envie, en fait ! », avoue l’intéressé, en guise de conclusion.
De son côté, Ariane Wohlhuter vient du piano et du chant classique. Familière de la musique de chambre, des petits et grands ensembles de musique baroque, ou encore des oratorios, elle s’investit avec bonheur dans cette musique en duo pour guitare et voix. Un premier album publié en 2013 abordait le répertoire anglais : Britten, Dowland. Après avoir largement exploité la littérature classique dédiée à la formule, notamment la musique espagnole, il fallait trouver une nouvelle idée pour continuer… D’où ce choix de Lieder de Schubert et de pièces de Fauré, dont Ariane est un peu à l’origine, permettant de développer « d’autres petites paillettes avec la guitare ».
Ce travail d’arrangement, qui consiste à rester « le plus proche possible du texte original », Philippe l’effectue partition en main, en évitant de sacrifier l’harmonie (la guitare fournissant des possibilités nécessairement moins étendues que le piano dans ce domaine). Une tâche « minutieuse », globalement fidèle, autant que faire se peut, aux tonalités originales, notamment pour Schubert, au besoin en ayant recours à des scordatures « parfois très tordues » (cinquième corde montée d’un demi-ton et sixième corde baissée d’un demi-ton, par exemple, dans le Clair de lune de Fauré).
Pour Ariane, cette formule voix-guitare représente « la quintessence de la musique de chambre et de l’intimité de la musique, avec une recherche de douceur, de proximité, et un côté « salon » très agréable ». La chanteuse se sent alors « plus proche de l’accompagnateur », la guitare procurant une plus grande « légèreté dans le soutien », qui favorise le mélange avec les harmoniques de la voix et le développement de nouvelles couleurs. « Quand on accompagne une chanteuse, on comprend vraiment ce que c’est qu’une phrase musicale », reprend Philippe, la respiration étant vraiment « à la base de la musique ».
En concert, le challenge pour le guitariste se situe surtout au niveau de la mémoire. Il faut apprendre à se repérer (à la phrase, au mot…). « A la moindre défaillance, on peut aller à la catastrophe. » Fort heureusement, Philippe peut compter sur la fiabilité de son instrument, une magnifique guitare signée Dominique Field, dont les ressources en termes de timbre et de couleurs lui assurent un grand confort en matière d’expression. « Depuis quinze ans, j’ai développé mon son avec ces guitares-là », reconnaît-il.
Site : www.philippemouratoglou.com