MIKE LEWIS

 

Mike Lewis (Fine Resophonic)

La passion des résonateurs

Mike Lewis est un des rares spécialistes au monde des guitares à résonateur (National et autres Dobro…). Une lutherie tout à fait spécifique, qui, outre le travail du bois, nécessite un savoir-faire certain dans le maniement du métal ! Des compétences qui, pour Mike, se sont accumulées au fil du temps.

© Philippe Abergel
© Philippe Abergel

Laisser résonner…


Tout commence pour Mike par un attrait pour ce type d’instrument, dès l’âge de 17 ans (via un ami qui en possédait un). « Plus j’en voyais, et plus ça me plaisait. J’étais « mordu ». Je ne jouais même pas de guitare, je regardais ces choses-là. Et ça trottait dans ma tête… », raconte le luthier. Mais de là à en fabriquer… il y a encore un monde ! Pour l’heure, notre Anglais suit une formation de modéliste pour vêtements de femme (d’où son sens de la ligne !). Premier tournant au milieu des années 70. En 1975, il passe en effet par la France. « Et je ne suis pas encore rentré ! », remarque-t-il. Il se retrouve alors costumier pour les automates. « On faisait des automates géants, qu’on trouvait dans les centres commerciaux, à Noël. C’était good fun ! » L’activité s’arrête. Son goût pour le bois le conduit alors à passer un CAP d’ébéniste, métier qu’il va exercer pendant près d’une quinzaine d’années.


Bob Brozman et John Campbell


« Un ébéniste peut penser en regardant une Telecaster, par exemple, que ça n’est que deux morceaux de bois avec quatre vis ! », reprend-il. Puisqu’il joue de la guitare, Mike va donc s’en fabriquer une ! Mais la véritable « bifurcation » va s’opérer un peu plus tard, en contemplant, dans un livre de Bob Brozman sur les National, la photo d’une mythique « tricône en bois » qu’on n’a jamais retrouvée. Et c’est en rentrant de vacances que Mike décide de « sauter le pas » : « Je me suis dit : bah, je vais faire une tricône en bois ! ». « Au départ, on n’est pas sûr que ça va marcher, mais en fait elle marchait bien ! » Mike va ensuite la montrer à John Campbell, guitariste américain de passage à Paris, qui sera son premier client ! « Après la deuxième ou troisième guitare, je ne voulais plus regarder les meubles », avoue-t-il. Sur les conseils de sa femme, il va alors se consacrer entièrement à la lutherie. Avec succès !


Bois et métal


« Quand on ne sait pas faire les choses, on n’a peur de rien ! », précise-t-il. Mike va tirer parti de ses formations et expériences successives pour « affronter l’inconnu ». « Je découpe et je mets ça ensemble d’une façon ou d’une autre. Je le couds, je le soude ou je le colle ! », explique-t-il. Le travail du métal ne lui posera donc pas de gros problèmes, il s’y adapte rapidement, en développant bientôt ses propres techniques. « Au départ, j’achetais les résonateurs. Don Young fabriquait ça. Mais petit à petit, je me disais qu’en fait, c’est l’âme ! C’est pas le plus important, mais c’est aussi important que le reste ! Donc j’ai commencé à fabriquer mes résonateurs. Tout ce que j’avais comme base, c’était mes vieilles National… J’ai tout démonté ! Tout ce que je fais en métal, je le fais exactement comme sur mes vieilles National ! Les mêmes épaisseurs… Donc en fait, c’était assez simple ! » Idem avec le bois, puisque Mike mettra au point ses propres assemblages et laminés pour les caisses. Quant à la reproduction des fleurs, élément « emblématique » de ce type de guitare, elle fera l’objet d’une attention toute particulière, notamment pour respecter les nuances de couleurs.


Clapton et Harrison


Mike aura la chance, assez tôt dans son parcours, d’être « adoubé » successivement par deux musiciens de légende. Environ un an après son installation officielle, il est en effet contacté par le guitar tech d’Eric Clapton, qui demande à voir ses guitares. Coup de chance, il en prendra une ! « Ça aide une réputation quand même ! » Evidemment, la photo d’Eric trône dans l’atelier… Avec George Harrison, c’est Mike qui prendra l’initiative, en lui envoyant une lettre, accompagnée de quelques clichés de ses instruments. Un beau jour, il reçoit un fax, suivi d’un coup de téléphone. « Hello Mike, this is George Harrison ! ». « Est-ce que tu as reçu mon fax ? ». Une belle histoire… Le « bouche à oreille » fera le reste !


La deuxième vidéo permet de voir et d’entendre les instruments de Mike, joués successivement par Pascal Mesnier (guitares simple cône en métal, simple cône en koa et tricône en érable ondé à manche carré) et Philippe Krouk (ukulélés style O simple cône et type Dobro en palissandre de Rio, fabriqué avec les chutes du Dobro de Clapton !).


 

Site : www.fineresophonic.com

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