MATHIS HAUG

 

Mathis Haug

Apologie du métissage

Le dernier album de Mathis Haug, « Wild Country », permet d’entendre le guitariste
aux côtés de musiciens comme Christophe Cravero (au piano Fender Rhodes et au violon),
ou le regretté Régis Gizavo (à l’accordéon) – disparu en juillet dernier.
C’est dire si son blues y apparaît « métissé » avec d’autres musiques, croisées au fil des rencontres.

© Clément Puig
© Clément Puig

« Je suis Allemand, ma grand-mère chantait quand j’étais petit, en s’accompagnant à la guitare », déclare Mathis. Influence sans aucun doute déterminante dans son attrait pour l’instrument, occasionnant ensuite de multiples « réminiscences ». « Elle avait un grand répertoire de musique folk allemande, explique-t-il, composé de chants qui viennent un peu des Tsiganes, des chants de « vagabonds », de gens qui voyageaient… des musiques très inspirées d’Europe de l’Est ». Quand Mathis découvrira les musiques américaines (le blues, la country…), il y retrouvera des sonorités lui rappelant son enfance.


Country or not country ?


Pour autant, en dépit de son titre, son dernier album n’est pas vraiment un disque de musique « country » ! « A la base, mon idée de départ, c’était de faire un album de country, reconnaît l’intéressé… A l’époque où l’idée de cet album a émergé, j’ai participé au festival Rochefort en Accords, où j’ai rencontré Régis… J’ai voulu faire un petit peu la même chose avec ce disque. » « Au niveau country, c’était un peu raté ! », ajoute-t-il, non sans humour. Mathis se retrouve donc avec ses maquettes en studio : « J’ai réuni tout ce beau monde : « Ça c’est la chanson, qu’est-ce que vous proposez ? ». Chacun a apporté des choses… ça s’est construit très simplement. » La trame solide fournie par le leader (mélodie et chant, guitare/voix) permettant au besoin d’organiser ou de recentrer les choses. « Cet album, c’est vraiment un album d’échange, reprend-il, tant avec les musiciens qu’avec les auteurs ». Parmi ces derniers, le guitariste et harmoniciste Sal Bernardi (auteur et compositeur pour Rickie Lee Jones et Willy DeVille), Sébastian Danchin (responsable de la production de l’album), ou le jeune Mathis Cornet, un voisin de village, venus croiser leur regard avec le sien.


Guild for ever


« J’ai un petit exercice que je pratique depuis des années, raconte Mathis. J’enregistre quasi quotidiennement des improvisations, à la guitare, avec un téléphone ou un dictaphone… et quelques mois après, je réécoute. Et souvent dans ces moments un peu spontanés, il y a déjà la majorité des morceaux, des mélodies que je réécoute, retravaille… ». C’est à l’âge de 15 ans que le « virus » s’est installé. « J’écoutais du rock, de la variété, précise-t-il, ce qu’on écoutait dans les années 80… J’ai travaillé un été et j’ai acheté une guitare ! » Sa première déconvenue (une coréenne « complètement vrillée », avec les cordes « à ça du manche » !) ne l’a cependant pas rebuté. Il ne tardera pas à acquérir une Squire… Aujourd’hui, Mathis essaie « d’investir dans les choses qui durent, pour ne pas être dans la surconsommation ». Ainsi de cette Guild du début des années 60, « faite un peu pour durer ». « Ça peut avoir un son très jazz, ou jazz/blues… Ça me rappelle quand même pas mal la guitare acoustique (…) Tous les morceaux que je fais à l’acoustique, notamment sur cet album-là, je les fais souvent sur scène avec celle-là. » 


Folk Music


« Ces dernières années, je me suis servi beaucoup de ma technique de picking, dans un autre contexte, parce que sur scène, j’utilise un ampli Fender et un ampli basse en même temps. J’ai deux sorties, une qui va dans le Fender et une qui va dans l’ampli basse, via un octaver (un Boss dernier modèle), ce qui me permet de jouer notamment en duo avec un batteur. » A l’électrique ou l’acoustique, pour spécifier son jeu et son rapport à l’instrument, Mathis reprend à son compte une formule de Dave Alvin (guitariste des Blasters) : « Il y a deux sortes de folk music, celle que tu joues avec une guitare acoustique et celle que tu peux jouer avec une guitare électrique, et je fais les deux… ». Une « profession de foi » qui le rapproche d’un Neil Young, par exemple. « Pour moi, il n’y a pas trop de différence, c’est juste une question d’énergie ». Outre ses activités purement musicales, Mathis gère également un café-concert dans le sud, entre Nîmes et Avignon : « J’ai besoin de cette vie de village, de cette proximité, avec les miens, les gens, et de pouvoir proposer de la musique… ».

L’artiste continue néanmoins à travailler son instrument. Il écoute, relève… « J’arrive rarement à faire comme les autres, mais j’essaie de m’y appliquer ! ». Cela ne l’empêche pas de poursuivre sa quête, en « picorant » ici et là. « Et finalement, on se rend compte que tout ça, ça se rejoint toujours. »


Tournée octobre : 5/10 à Draguignan (83), 6/10 à La Garde (83), 7/10 à Oraison (04), 21/10 à Nîmes (30)


Site : mathishaug.com

 

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