JUAN CARMONA

Juan Carmona
Les perles de l’Orient

© Molina visuals
© Molina Visuals

C’est à l’occasion d’une tournée de 25 concerts en Asie que le flamenquiste Juan Carmona décide de graver son nouvel album, « Perla de Oriente ». Capté en studio à Shangaï, cet opus reflète ce que le guitariste développe avec son propre groupe sur scène depuis plusieurs années – soit un magnifique septet qui, outre la guitare, le chant et la danse, fait entendre la flûte, la basse et les percussions.

CD Juan CarmonaL’influence de Paco
Fasciné par le dynamisme de Shangaï, une ville qui lui rappelle l’énergie de New York, Juan compose sur place le titre qui va donner son nom à l’album,
Perla de Oriente, dont il « ouvre les premiers accords » dans sa chambre d’hôtel. Une inspiration que n’aurait certes pas reniée Paco de Lucia, à qui Juan dédie cet album, un « révolutionnaire de la guitare flamenca… qui a ouvert les portes », précise le guitariste. C’est à l’âge de 10 ans qu’intervient cette rencontre décisive dans son parcours (« Je veux jouer comme ça un jour ! », déclare le jeune garçon à son père). De cette influence majeure, Juan conservera une double exigence, qui continue aujourd’hui de guider son cheminement artistique : curiosité musicale, ouverture vers la modernité, mais sans faire l’impasse sur la tradition.


Au départ, le rôle du guitariste flamenco, c’est d’imiter le chant


Le chant, la danse
Cette connaissance de la tradition, Juan ira la chercher à la source, du côté de Jerez de la Frontera, en Espagne, où il séjournera pendant une dizaine d’années. Pour jouer flamenco, « 
il ne suffit pas de marquer quatre accords, déclare-t-il. Le chant, la danse, c’est important, parce qu’au départ, le rôle du guitariste flamenco, c’est d’imiter le chant. » Pour investir cette musique, « essentiellement rythmique », le guitariste doit donc se plier à ces différentes disciplines, de façon à pouvoir ensuite « avec deux notes, raconter une histoire qui a mille ans… », en quoi réside la force du flamenco.

Baden, Larry, Sylvain & Vladimir…
Né en France de parents gitans andalous, le jeune Juan a la chance de croiser très tôt des personnalités qui vont ouvrir sa sensibilité, notamment sur le plan harmonique. Ainsi de Baden Powell, avec lequel il a l’occasion de partager la scène et de jouer dans les loges à l’âge de 13 ans. Ce goût marqué pour l’ouverture et les rencontres s’illustrera aussi bien sur scène qu’en studio, avec Larry Coryell, Mino Cinelu, Sylvain Luc ou Vladimir Cosma, au contact duquel le guitariste affinera son sens de la composition. Tout récemment, la rencontre de Jean-Claude Rapin et de Nelson Veras, à l’occasion d’un festival, débouche sur un nouveau projet à trois guitares !


Je cherche la mélodie qui va me plaire 


Le jazz et l’impro
« 
Ce que j’adore dans le jazz, c’est cette liberté, de se rencontrer avec n’importe quel musicien… et de dire : tiens, on y va ! ». Une tournure d’esprit pas forcément familière des flamenquistes, que Juan continue de cultiver et d’approfondir au fil des rencontres. Pour autant, le guitariste n’en soigne pas moins ses thèmes et ses canevas (mélodie, refrain, introduction…), privilégiant l’aspect mélodique. « Je cherche la mélodie qui va me plaire », avoue-t-il, en une formule qui pourrait rassembler la quintessence de son style – un art que Juan pratique sur ses guitares signature, construites par le luthier Rémy Larson. La dernière en date (table épicéa, corps en palissandre de Rio), embarquée pour la tournée, n’a pas eu le temps d’être baptisée ! •

Site : www.juancarmona.com

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