RAPHAEL FAYS

 

Raphaël Faÿs

Rassembler autour de la musique

Avec « Paris-Séville », nouveau spectacle lancé le 14 février à l’Européen (Paris), Raphaël Faÿs propose un voyage entre la France et l’Espagne, de la guitare « parisienne » (celle de Django, qui l’a fait connaître) à sa rencontre avec le flamenco, qui nourrit son cheminement artistique depuis maintenant une trentaine d’années. Généreux et passionné, le virtuose est passé dans notre studio pour nous faire partager son amour de la guitare.

© Stéphane Kerrad
© Stéphane Kerrad

Albeniz et Granados


Initié dès son plus jeune âge à la guitare héritée de Django Reinhardt par son père, Louis Faÿs (accompagnateur des accordéonistes – entre autres d’André Verchuren), Raphaël se met également très tôt à la guitare classique, « pour apprendre à lire la musique ». Dès l’adolescence, il fréquente une académie de guitare, où il a l’occasion « de voir et entendre des gens qui jouaient du flamenco, d’autres qui jouaient du jazz… ». « J’ai passé toute ma petite jeunesse à explorer comme ça les répertoires et c’était une véritable passion », explique-t-il. Le jeune garçon découvre ainsi la musique espagnole : Falla, Albeniz, Tarrega, Granados… « Le rêve d’un adolescent, c’est un jour de pouvoir jouer ces pièces : Asturias, la Danse N°5 de Granados… A l’époque, pour nous, c’était vraiment quelque chose de majestueux. » Mais dans la pièce d’à côté, Raphaël entend le professeur de flamenco : « Je frappais parfois à sa porte, il me faisait entrer et me jouait des morceaux qu’il avait composés, des alegrias, des bulerias… et je trouvais ça absolument génial. J’ai été vraiment baigné là-dedans. »


Baptême du feu


Plus tard (aux alentours de ses 26 ans), au contact de guitaristes comme Manuel Delgado ou Daniel Manzanas, Raphaël se met à travailler sérieusement la guitare flamenca, en conservant sa technique de médiator à la main droite. « Mon but était de créer une originalité, pas facile hein ! Pas simple du tout l’histoire ! » Cependant, à l’écoute du trio McLaughlin/Di Meola/De Lucia, ou de Carles Benavent, bassiste de Paco De Lucia, de nouvelle possibilités émergent… « Ces possibilités, je les ai vues quand je suis allé voir Paco de Lucia au Casino de Paris. Je me suis dit : il y a quelque chose à faire ! » « Voyage » et « Gypsy Touch », enregistrés avec le violoniste Pierre Blanchard à la fin des années 80, constitueront les premières traces discographiques de cette évolution. « On a joué ensemble pendant sept ans. Ce sont des souvenirs inoubliables. »


« Comme Bizet a créé Carmen »


L’étape suivante consistera à passer de la corde métal à la corde nylon. « C’est pas évident, parce qu’en fait, il faut réviser son attaque », précise le guitariste. L’écoute assidue des flamenquistes, notamment de Paco de Lucia, conduira la réflexion. « Il faut apprendre à jouer je dirais de plus en plus « fin », tout en projetant le son… » Le challenge étant de parvenir à « être performant dans les moments où je veux que ce soit forte et dans les moments où je veux que ce soit pianissimo. » Un art de « toucher la corde » que Raphaël ne cesse d’approfondir, à l’aide de précieux outils, tels les médiators de Stefano Tommasi (cf. www.essetipicks.com), dont le son se rapproche de celui de l’ongle, ou la guitare flamenca à pan coupé de Maurice Dupont. « Ce que j’ai voulu faire aussi dans cette histoire, c’est créer ma musique espagnole à moi… Comme je le dis souvent à mes amis : j’ai créé ma musique comme Bizet a créé Carmen ! En fait, c’est un peu ça ma démarche. »


De Paris à Séville


« Je n’ai pas voulu créer un spectacle « de jazz », et je n’ai pas voulu non plus créer un spectacle « de flamenco », et pourtant c’est un spectacle musical, qui lie complètement ces deux musiques », explique Raphaël. Un tel spectacle convie évidemment la musique (Claude Mouton à la basse et à la contrebasse, Laurent Zeller au violon, Julien Cattiaux aux guitares, José Palomo aux percussions), le chant (Nino Garcia) et la danse, en la personne de Diana Regaño (danseuse madrilène). « A nous sept, il faut qu’on produise un voyage sur scène, il faut qu’on emmène les gens de Paris à Séville. » « Je ne suis pas là pour prouver quoi que ce soit, reprend Raphaël. Mon plus profond désir, c’était de créer un spectacle, et de rassembler des gens autour de la musique, parce que je pense qu’on est dans une société où les gens en ont bien besoin… La musique est un très bon médicament pour la société. Même en temps de guerre ! Je me défends, hein ! »


Après le succès des soirées “sold out” des 14 février et 17 mai, retrouvez “Paris-Séville” le 28 novembre à l’Européen (Paris).


 

Diana Regano © Stéphane Kerrad
Diana Regano © Stéphane Kerrad
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