FRED PONS

Fred Pons

Les 5 ans de l’APLG

On assiste, depuis une vingtaine d’années, à une « explosion » du nombre de luthiers en guitares sur notre territoire : plus de 400 aujourd’hui, contre une centaine il y a seulement 20 ans ! La création, il y a 5 ans, de l’APLG, première Association Professionnelle des Luthiers artisans en Guitare, contribue à « redessiner les contours » d’un métier en pleine évolution, tout comme le livre de Francis Cabrel (Luthiers et guitares d’en France, 1996) avait dressé en son temps un « état des lieux » de cette profession.
Bilan de ces 5 années d’existence avec Fred Pons (Kopo Guitares), actuel président de l’APLG.

« Il était grand temps qu’on s’organise ! », reconnaît Fred, constatant ce doublement du nombre de luthiers en France à chaque décennie depuis 20 ans. Aux Etats-Unis, grand pays de la six-cordes s’il en est, voilà en effet plus de 30 ans que les luthiers se sont regroupés en « guildes », chacune comptant des centaines de membres. Sous l’impulsion de Jacques Carbonneaux, soutenu par un petit noyau initial (Rosyne Charles, Richard Baudry…), une initiative voit donc le jour il y a 5 ans. En dehors de l’UNFI (Union Nationale de la Facture Instrumentale), plus généraliste, « on avait vraiment besoin d’une structure associative qui représente le métier », avoue Fred.


Vitalité vs Stabilité


S’il s’agit essentiellement de regrouper les « luthiers en guitare », l’association s’ouvre naturellement aux « autres cordes pincées », aux fabricants d’amplis, aux métiers complémentaires (micros, pièces pour guitare, marchands de bois…), et depuis trois ans aux guitaristes eux-mêmes (souvent « les meilleurs ambassadeurs des luthiers »). La vocation de l’APLG est en effet de « faire mieux connaître ce métier », en rafraîchissant une image souvent tronquée ou déformée. Face à la vitalité de cette profession, en regard d’un marché stable et plutôt bien portant (la guitare restant un instrument très pratiqué), il importait d’installer un minimum de cohérence, aussi bien en matière de représentation que de communication, en faisant valoir la réalité d’un métier « délicat », constitué de facettes complémentaires (fabrication, création de guitares, réparation, entretien, restauration…). Aujourd’hui, l’APLG regroupe une petite centaine de membres, dont environ 80 luthiers. « On progresse lentement mais sûrement », remarque Fred. « Il n’y a pas d’orthodoxie, pas de chapelle. On est là pour réfléchir, modestement, voir ce qu’il y a de mieux à faire collectivement, à tous niveaux (formation, communication…) ».


Tisser le réseau


Parmi les missions de l’APLG, notons effectivement les actions de formation destinées à ses propres membres (2-3 stages par an, en partenariat avec l’Itemm), ainsi que la participation aux salons et autres événements fédérateurs, qu’il s’agisse de manifestations modestes ou plus installées. « L’APLG tisse ce réseau-là, et le fédère, de manière à ce qu’il y ait une forme de communication un peu concertée », insiste Fred. Pour des événements plus importants ou spécifiques, comme Guitares au Beffroi ou Musicora, l’APLG est désormais capable de négocier collectivement sa présence, renforçant sa visibilité. Il s’agit avant tout de « montrer une diversité de modes de fabrication », et de séduire un public potentiellement attiré par cette diversité, cette multiplicité et cette créativité. L’APLG est également devenu un interlocuteur incontournable vis-à-vis des institutions et des organismes, notamment pour la réglementation sur les bois (CITES). Il s’agit là encore de faire entendre une voix, en se regroupant pour avoir plus de poids.

« On a tout à gagner à mettre en commun ses réflexions, ses pratiques, son expérience, tout le monde bénéficie de ça. Du coup l’ensemble grimpe en qualité, en efficacité… », remarque Fred. Parmi les chantiers en cours, l’élaboration d’une « charte de qualité », destinée justement à stabiliser et encadrer la profession (« On n’est pas là pour « punir », mais pour conseiller », précise Fred), qui devrait aboutir dans un avenir proche.

Site : www.aplg.fr

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